Ateliers philosophiques : comment les organiser en famille

ateliers philosophiques

Les ateliers philosophiques offrent aux enfants un espace pour réfléchir, questionner et développer leur pensée critique. En abordant des thèmes aussi universels que « Qu’est-ce que la liberté ? », « Peut-on mentir ? », ou encore « Qu’est-ce que le bonheur ? », ils permettent aux jeunes de poser un regard différent sur le monde, d’explorer leurs idées et de découvrir celles des autres. Dans cet article, je vais partager mon expérience et les étapes pour organiser ces ateliers dans un cadre éducatif ou familial.


Pourquoi organiser des ateliers philosophiques ?

Les ateliers philosophiques sont plus qu’un simple espace de réflexion ; ils offrent des bienfaits profonds pour les jeunes esprits :

Développer une pensée critique et nuancée

D’abord, philosopher encourage les enfants à remettre en question les évidences et à analyser les différentes perspectives. Par exemple, poser des questions telles que « Peut-on mentir ? » les incite à explorer les nuances et à prendre conscience que les réponses ne sont pas toujours simples. En questionnant des concepts comme la vérité ou la justice, ils apprennent à argumenter, à construire une pensée cohérente et à questionner leurs propres croyances.

Renforcer la confiance en soi et l’expression personnelle

Ensuite, les ateliers philosophiques favorisent une prise de parole où chacun peut s’exprimer sans crainte de jugement. En encourageant les enfants à exprimer leurs pensées et en les écoutant attentivement, ils se sentent valorisés. Ils développent alors une meilleure estime d’eux-mêmes, sachant que leurs idées et leurs réflexions sont dignes d’intérêt.

Favoriser l’empathie et l’écoute active

En confrontant leurs idées à celles des autres, les enfants apprennent l’empathie et l’importance de l’écoute. Lorsqu’ils découvrent différents points de vue, ils prennent conscience que chacun peut voir les choses autrement, ce qui développe leur capacité à comprendre et respecter les opinions d’autrui. Cet aspect est essentiel pour une communication saine et constructive.


Mon projet d’atelier philosophique à l’école

Dans le cadre de mon défi « 60 activités en 60 jours », j’ai eu l’occasion de présenter un projet d’atelier philosophique à la direction de l’école où je travaille. Ce projet a été conçu pour offrir aux enfants un espace de questionnement sur des thèmes accessibles, mais profonds.

Nous sommes tous capables de philosopher dès qu’une question se pose. Ainsi, un enfant comme Hugo, quatre ans, pourrait se demander pourquoi il ne peut pas manger tous les bonbons de la maison, ou pourquoi il ne peut pas garder pour lui la voiture de sa sœur. Ces questionnements, même simples, ouvrent la porte à des discussions philosophiques et sont une base parfaite pour explorer le sens des valeurs comme le partage, la patience, ou encore la justice.

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Comment structurer des ateliers philosophiques ?

Adapter les activités à l’âge des enfants

Les ateliers philosophiques doivent être ludiques et adaptés à l’âge des participants. Pour les plus jeunes, utiliser des jeux, des mises en scène ou des activités créatives est un excellent moyen de rendre l’expérience accessible et engageante. Avec les plus grands, les discussions peuvent être plus approfondies, voire théâtralisées, afin de représenter différents points de vue de manière interactive.

Exemples par âge :
  1. 6-9 ans : Pourquoi être gentil ? Les enfants peuvent partager des histoires de gentillesse et réfléchir aux valeurs associées à travers des anecdotes personnelles.
  2. 10-13 ans : Qu’est-ce que la liberté ? Les plus grands peuvent explorer ce thème abstrait en partageant leurs idées et en imaginant des situations où ils se sentent libres ou contraints.

Choisir des thèmes de réflexion inspirants

Les thèmes abordés doivent être à la fois universels et adaptés aux préoccupations des enfants. Voici quelques exemples qui ont fait leurs preuves :

  • La justice et l’injustice : Qu’est-ce qui est juste ou injuste ?
  • La beauté : Qu’est-ce qui rend quelque chose beau ?
  • Le courage et la peur : Qu’est-ce que le courage ? Est-il bon d’avoir peur ?
  • La vérité et le mensonge : Pourquoi mentir ? Est-ce parfois nécessaire ?

Ces thèmes permettent d’ouvrir des discussions où les enfants peuvent questionner leurs croyances et découvrir la diversité des perspectives.

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Exemple de séance : Pourquoi mentir ?

Une séance que j’ai animée portait sur le mensonge, un thème universel qui touche tout le monde. Voici comment elle était structurée :

  1. Les raisons de mentir
    Nous avons commencé par diviser un tableau en deux : d’un côté, les situations où mentir semble justifiable, et de l’autre, celles où cela ne l’est pas. Les enfants ont donné des exemples concrets, et nous avons discuté des raisons possibles derrière chaque choix.
  2. Éveil théâtral
    Les enfants ont joué de petites scènes basées sur des fiches distribuées au hasard. Par exemple :
    • Fiche situation 1, rôle 1 : Cela fait 3 mois que Sophie dit à toute sa classe qu’elle a prévu de faire un voyage en Australie avec ses parents et sa cousine pour aller dans le plus grand parc d’attraction du monde. La veille du week-end tant attendu, le voyage est annulé à cause d’une grève à l’aéroport. Lundi, son copain Arthur lui demande comment s’est passé son week-end. Sophie décide de tout lui raconter comme si elle avait fait le voyage, en ajoutant plein d’activités qui n’étaient pas prévues pour l’impressionner.
    • Fiche situation 1, rôle 2 : Arthur n’aime pas Sophie, il la trouve envahissante mais il n’a jamais osé lui dire car il est son seul ami. Quand elle racontera son week-end, Arthur fera semblant d’être impressionné à chaque phrase qu’elle dira.
  3. Débat et réflexion
    Après la scène, nous avons discuté : Pourquoi Sophie a-t-elle menti ? et Qu’auriez-vous fait à sa place ? Cette discussion a permis de prendre conscience que mentir peut parfois être motivé par des émotions complexes comme la peur ou l’envie d’être accepté.

Impliquer les membres de la famille dans les ateliers philosophiques

Les ateliers philosophiques peuvent aussi se dérouler en famille, ce qui renforce les liens et encourage des conversations profondes à la maison. Par exemple, une question comme « Pourquoi avons-nous besoin des autres ? » peut susciter des réponses étonnantes et ouvrir la porte à des discussions intergénérationnelles.


Créer un espace ouvert et respectueux

L’écoute et l’absence de jugement sont essentielles dans ces ateliers. Chaque enfant doit se sentir libre de partager ses idées sans craindre les moqueries ou les critiques. Il est important de rappeler que le but n’est pas d’arriver à une « bonne » réponse, mais de se questionner et d’explorer ensemble.

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Les bienfaits des ateliers philosophiques selon les âges

Les ateliers philosophiques ont un impact positif à tout âge. Voici quelques exemples :

  1. Pour les plus jeunes (3-5 ans)
    Ils apprennent à poser des questions. Par exemple, en se demandant Pourquoi faut-il partager ?, ils commencent à comprendre le concept d’altruisme et de respect des autres.
  2. Pour les 6-9 ans
    Les enfants apprennent à structurer leur pensée et à envisager des réponses différentes des leurs. Des questions comme Pourquoi pardonner ? les aident à développer la tolérance et l’ouverture d’esprit.
  3. Pour les adolescents (10-13 ans)
    Ils abordent des questions plus complexes comme Pourquoi suis-je moi ? ou Qu’est-ce que la justice ?, et commencent à réfléchir aux valeurs et à la morale.

Ateliers philosophiques : ressources supplémentaires

Pour accompagner vos ateliers, voici quelques ressources :

  • Philosopher et méditer avec les enfants – Frédéric Lenoir
  • Philéas & Autobule – Les enfants philosophes : un site pour enfants avec des ressources sur la philosophie (https://www.phileasetautobule.be/)

Conclusion : Partagez vos réflexions !

Les ateliers philosophiques offrent un espace unique pour découvrir, comprendre et apprécier la richesse des idées. Et vous, avez-vous déjà essayé ces ateliers ? Quels thèmes ont le plus inspiré les enfants autour de vous ? Partagez vos réflexions et vos histoires en commentaire !

Cliquez ici pour retrouver 59 autres activités à partager en famille ! 🙂

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4 comments

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Pierre-Elie s’enrichir avec Pierre-Élie

Super article. J’essaierai avec mon fils de 4 ans. Même si en réalité on le fait déjà sans vraiment s’en rendre compte car c’est l’âge où ils posent toujours des questions justement comme « pourquoi je dois partager » ou « pourquoi je ne peux pas manger tous les bonbons de la maison » donc ça le pousse à la réflexion. Pour la petite histoire c’est assez rigolo car l’exemple pour les 10-13 ans que tu donnes « qu’est-ce que la liberté » c’était mon sujet de philosophie au bac en 2005 😂

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    Giovanni

    Merci pour ton partage ! Oui tout à fait, comme dirait Epicure : il n’y a pas d’âge pour philosopher 🙂

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Emilie

Intéressant !
Est-ce que tu peux me conseiller sur la manière d’amener l’atelier, pour un ado de 13 ans ? C’est dans une discussion de tous les jours ou est-ce qu’il y a une autre manière de faire ?

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    Giovanni

    Bonjour et merci pour ton intérêt ! Pour un adolescent de 13 ans, il est effectivement important de trouver la bonne approche pour le captiver. L’idéal est de commencer par une discussion naturelle, en intégrant des thèmes qui l’intéressent ou qui font écho à ses propres questions. Tu peux introduire l’atelier en lançant une question qui l’invite à réfléchir, comme : « Qu’est-ce que la liberté pour toi ? » ou « Est-ce qu’il y a des situations où tu penses que mentir pourrait être justifié ? ». L’idée est de créer un échange sans imposer de « bonnes » réponses, afin qu’il se sente libre de donner son avis sans pression.

    Si tu souhaites structurer davantage la discussion, tu peux proposer une activité où il choisit un sujet à explorer et même jouer de petites scènes ou donner des exemples concrets. Cela aide à rendre l’atelier plus interactif et à le mettre en situation. Les adolescents apprécient souvent les débats, alors pourquoi ne pas intégrer des avis contraires pour nourrir la discussion ? Le plus important est de garder l’échange ouvert et sans jugement, pour qu’il puisse s’exprimer librement et développer sa réflexion. 😊

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